19 août 2015

| LECTURE OBLIGATOIRE | Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan



Résumé ; « La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » 
Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.



Aujourd'hui je vous présente ma troisième lecture obligatoire, une autobiographie encore une fois, cette fois-ci plus longue puisqu'elle fait environ 350 pages de plus que la précédente. Ici Delphine de Vigan écrit après le suicide de sa mère, Lucile qui était bipolaire et dépressive. Elle explique au fil des pages qu'elle a eu envie de lui rendre un dernier hommage, mais aussi tenter de comprendre, de démêler les différents événements de la vie de Lucile. 
 
Contrairement à La Place, de Annie Ernaux, (Chronique ici) Delphine de Vigan écrit de façon plus romancée, presque de façon fictionnelle, et parmi ces passages romancés, on trouve des ellipses où elle explique ses difficultés à écrire ce livre, ou encore les différentes étapes et les recherches qu'elle a dû effectuer auprès de la famille ou des amis de sa mère. Elle explique que tout n'est pas à 100% vrai, qu'elle a dû combler des manques, car elle ne connaît pas tous les détails de la vie de sa mère, et que les souvenirs de l'entourage diffèrent parfois. 

Son propre point de vue apporte une sorte de bilan sur les faits passés, comme par exemple le fait que ses grands parents soient partis en week-end à Londres en laissant leurs enfants seuls. L'aînée avait 11 ans, et l'un de leurs enfants était mort d'un accident quelques mois auparavant. Delphine de Vigan explique que cela la sidère, mais qu'elle voit les choses du point de vue actuel, et à l'époque actuelle, avec la peur que quelque chose arrive à ses propres enfants. Elle a du recul sur les événements, tout en portant, malgré elle, un jugement dessus.

Tout comme Annie Ernaux, elle utilise des mots en italique pour désigner des termes précis, comme "schmoulz" inventé par l'un de ses frères lorsque un quelconque morceau d'aliment reste autour de la bouche. Son écriture est la chose qui m'a le plus touchée dans cette lecture. On y ressent toute la peine, toute la tristesse de Delphine de Vigan lors de certains passages, sa détresse quand elle raconte des décès dans la famille ou les rechutes de sa mère. Cependant, il y a parfois des souvenirs un peu plus heureux, même si le destin tragique de cette famille est très troublant. A de nombreuses reprises, mon cœur s'est serré. A de nombreuses reprises, j'ai souri, j'ai ri, j'ai été horrifiée. 

Ce livre m'a tout simplement bouleversée. J'ai beaucoup de mal à mettre les mots justes, tellement cette lecture a été intense, et je n'ai pas envie de vous raconter plus en détail l'histoire car c'est une histoire, je pense, à découvrir par soi-même. Mais il faut la lire au bon moment. Je pense qu'il ne faut pas être dans une phase triste de notre vie, ou bien il faut être prête, et s'accrocher lors de la lecture.

Je ne voulais pas le placer en coup de cœur à la base, mais après avoir écrit ces lignes, je me rends compte à quel point cela m'a touchée et combien j'ai aimé le style d'écriture de Delphine de Vigan. Sans aucune hésitation, je relirai une de ses oeuvres. 

Ma note : 

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